« Je prends ma guitare, je joue et je cherche.”
Interview réalisée Martine Varago

Sortilège
Album : Apocalypso
Label : Verycord
Date de Sortie : 03 Mars 2023
Line-Up
Christian “Zouille” Augustin – Voix
Bruno Ramos – Guitare
Olivier Spitzer – Guitare
Sébastien Bonnet – Basse
Clément Rouxel – Batterie
Tracklist :
01. Poseidon
02. Attila (feat. Stéphane Buriez)
03. Derrière Les Portes De Babylone (feat. Myrath)
04. Le Sacre Du Sorcier
05. La Parade Des Centaures (feat. Stéphane Buriez)
06. Walkyrie
07. Encore Un Jour
08. Trahison
09. Vampire
10. Apocalypso (feat. Kevin Codfert)
Le groupe qualifié de « légendaire » aujourd’hui, c’est Sortilège. En effet, avec ses lyrics appartenant à l’univers du heroic fantasy, son nom circule depuis fort longtemps dans le monde du « hard rock français ». C’est dans les années 80, précisément entre 1983 et 1986, que la formation originaire de la région parisienne a sorti les trois albums « Sortilège », « Métamorphose » et « Larmes de héros » qui ont bâti sa légende et sa réputation. Emporté par des conflits internes, le groupe disparait puis refait surface en 2021 avec « Phoenix », un album comprenant douze classiques réenregistrés ainsi que deux inédits. De quoi raviver l’intérêt des fans et relancer une carrière. Le groupe est aujourd’hui composé de l’unique membre originel, Christian « Zouille » Augustin, chanteur à la tessiture d’un véritable ténor, d’Olivier Spitzer, le guitariste, compositeur et producteur. S’ajoutent des recrues plus récentes : Bruno Ramos à la guitare, Sébastien Bonnet à la basse et Clément Rouxel à la batterie. Avec une production énorme, enregistrée dans le studio de Sortilège, les dinosaures français du Heavy Metal nous racontent.
Tout d’abord, vous avez déclaré lors d’une précédente interview qu’Apocalypso ne sonnera pas comme Sortilège il y a 30 ans et ira vers quelque chose de plus moderne. Qu’est-ce qui conduit le groupe dans cette direction ?
Olivier : Avec le nouveau line-up et notamment Clément à la batterie et Sébastien à la basse qui sont plus jeunes que nous, Sortilège s’éloigne du classicisme que l’on avait à l’époque. Tout le monde a évolué, moi-même, j’ai évolué dans l’écriture des textes. Donc, il est normal qu’on tourne une page et que l’on passe à Sortilège au point zéro.
Le monde de Sortilège est encore présent et notamment par la mythologie grecque comme les titres « Poséidon », dieu grec des mers, « la marche des Centaures » (les Centaures qui sont des êtres mi-homme mi-cheval dans la mythologie grecque). Qu’est-ce qui vous amène à parler de mythologie grecque encore aujourd’hui ?
Olivier : Cela m’évite de parler des choses qui fâchent plus ou moins ou de choses banales. Je ne sais pas écrire de textes qui ne parlent pas d’histoire, qui ne me fassent pas rêver ! J’écris peu de chansons d’amour ou de chagrin, par exemple.
Nous allons parler plus particulièrement de l’enregistrement du dernier album. Voilà je rentre dans le studio d’enregistrement et je vous découvre en train d’enregistrer ce dernier album. Est-ce que vous pouvez décrire chaque étape ?
Olivier : J’ai commencé à écrire des morceaux, dès que je suis entré dans le groupe, il y a trois ans. Donc, on a une maquette qui s’étend sur une durée de deux ans. On est rentrés en studio en janvier 2022 pour faire des essais, des arrangements. On enregistre chaque instrument l’un après l’autre et on ne fait pas tout en un seul shot. Une fois les batteries définitives, on poursuit avec la basse, la guitare, le chant. Puis, arrive le mixage à partir de septembre. Enfin la promo aujourd’hui.
Est-ce qu’après plus de 40 ans d’existence, il arrive ou pas que ce soit difficile de créer des morceaux ?
Olivier : C’est mon ADN. Je suis un riffeur et je produits des riffs toute la journée. Je prends ma guitare, je joue et je cherche. Cela a bien motivé Christian et le reste du groupe qui viennent se greffer naturellement. Ce n’est pas compliqué mais le travail le plus fastidieux reste les arrangements et les finitions.
Et justement comment créez-vous ?
Olivier : Je joue de la guitare sans vraiment jouer des parties. Il y a forcément quelque chose qui va sortir à un moment donné. Je l’enregistre sur mon téléphone portable et je le fais écouter. Cela peut faire rêver ou inspirer Christian qui sera amené à modifier un petit peu ou pas. Pratiquement toutes les compositions sont réalisées ainsi. Je suis capable de faire une trame de basse et de batterie. Je soumets à Christian pour voir si ça tient la route. Une fois d’accord, on propose à tout le monde. Clément va apporter sa contribution à la batterie et Seb modifier la trame que j’ai faite et apporter une vraie trame de basse. On va aussi travailler la trame des solos avec le soliste Bruno qui est plus aérien. Il fait partie de l’ADN de Sortilège. C’est la partie qui vient en corrélation à l’affinage des harmonies.
On va passer en revue quelques-uns des morceaux et notamment celui qui est déjà sorti et qui s’intitule « Derrière les portes de Babylone ». On y découvre un air oriental.
Olivier : C’est un des morceaux de la maquette. « Derrière les Portes de Babylon » est une version moderne de « Kashmir » de Led Zeppelin. Pour ce titre qui dure plus de six minutes et qui fait la part belle à l’atmosphère, on a reçu le renfort de membres du groupe tunisien Myrath. Dans le long break final, ils nous transportent directement chez eux.
Pouvez-vous nous parler des autres morceaux ?
Christian : « Poseidon » ouvre puissamment le disque avec un rythme tribal : c’est du heavy. Vous allez l’adorer avec « Attila ». Ces deux chansons pour moi, semblent être des hits single : « Attila » avec Stéphane Buriez de Loudblast. Ce titre se compose d’un tempo ralenti, avec ambiance pesante, de soli de guitares à l’ancienne. Stéphane vient poser son chant agressif ainsi qu’une partie parlée très théâtrale : on se croirait revenus dans les années 80, mais avec une production moderne.
« Encore un jour » est la ballade du disque, un morceau triste, lent et mélodique. Il parle d’un père qui a perdu son enfant.
« Le Sacre du Sorcier », c’est aussi du heavy, « Walkyrie » du power-metal qui parle d’une déesse et de la vierge au bouclier qui choisit son guerrier. « Trahison », c’est de l’épique qui clame « Je peux pardonner, je n’oublie jamais ».
« La Parade Des Centaures », s’accompagne d’un riffing plus pesant et grave, d’un refrain dynamique efficace et des interventions bestiales – à nouveau – de Stéphane Buriez.
Les deux derniers morceaux « Vampire », l’un démarre avec des voix et « Apocalypso » avec ses roulements de batterie en début pourraient devenir des morceaux phares. Ce titre est une pièce montée d’environ huit minutes, au cours de laquelle les claviers sont signés Kevin Codfert ; c’est aussi un titre aux accents épiques et avec des transitions d’atmosphère.
Est-ce qu’il y aura un morceau-phare que les fans adorent comme « Marchand d’hommes », ou « Sortilège » , « Gladiateur » ?
Olivier : Justement « Vampire » avec un air assez bon public devrait le faire. « Attila » comme l’a déjà mentionné Christian. De plus, un double album va sortir également à l’international : il comprendra « Phoenix » et « Apocalypso ».
Seb, au niveau de la rythmique, comment as-tu intégré Sortilège ? Est-ce que ça a été difficile de s’adapter ?
Sébastien : Quand j’étais enfant, j’écoutais Sortilège et j’aimais beaucoup. Quand l’occasion s’est présentée de jouer au sein du groupe, c’était un défi à relever. Cela me paraissait difficile au départ, mais tout s’est bien passé finalement. Olivier m’a mis à l’aise, j’ai joué et j’ai assuré !
Une question parfois taboue en France, c’est quand on parle du coût de l’enregistrement d’un album en studio. Est-ce que l’on peut savoir, aujourd’hui, quel est le coût de l’enregistrement de votre dernier album ?
Olivier : On a enregistré dans le studio de Sortilège pendant 70 jours. Ce qui est long. On a pris notre temps et peaufiné les morceaux. Dans un studio d’enregistrement, passer autant de temps représenterait un coût monstrueux.
Enfin pour terminer, il y a plusieurs concerts programmés en province. Quand est-ce que vous allez jouer à Paris.
Christian : La tournée vient d’être annulée en France pour des raisons économiques et on attend de voir comment le public va apprécier « Apocalypso » pour relancer une tournée après septembre 2023.
Avec cette transition parfaite entre aujourd’hui et son passé, Sortilège propose cet album sonique. Et selon Keith St John (KINGDOM COME, BURNING RAIN, MONTROSE, RAIDING THE VAULT), c’est du haut niveau dans le Metal.
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