« Emigrate or Not ? »
Depuis la citée phocéenne, les Furiapolis défendent une certaine idée du Rock à la Française. Mêlant des influences diverses et variées, les quatre Marseillais revendiquent l’utilisation de la langue de Molière pour porter leur message. C’est donc accompagné de mon fils Lucas que nous avons retrouvé Robin (basse/vocal) et Nico (batterie) au Hard Rock Café de Paris.
Interview réalisée par Christophe Favière


Genre : Rock Alternatif
Ville d’origine : Marseille
EP : « Déesses »
Membres :
Pierre-Brice : Lead vocals, guitare
Robin : Basse, back vocals
Nico : Batterie
Simon : Guitare, back vocals
Tracklist :
01. Intro
02. Emigrate Or Not
03. Le Bruit Des Anges
04. La Coco
05. Freakcell
06. 007
07. La Cause
08. SNCT
09. Walkaway
10. Le Vent Nouveau
11. The Rescue
12. L’armée des Rois
Pour commencer, vous nous présentez le groupe ?
Nico : Nous venons de Marseille, et existons depuis presque dix ans. À la base Simon (guitare) et moi n’étions pas dans le groupe. C’était un groupe de potes qui faisaient de la reprise pour jouer dans les bars.
Robin : C’est ça, à la base Brice (chant et guitare) et moi reprenions du Red Hot Chili Peppers, du Artic Monkeys, Lenny Kravitz, enfin des standard quoi ! Puis un jour nous avons décidé de composer. Nous avons donc recruté Simon à la guitare pour avoir un guitariste rythmique, puis Nico nous a rejoint pour créer la formation Furiapolis telle quelle est actuellement depuis 2010.
La question de Lucas :
Comment vous êtes vous rencontré, vous étiez ami d’enfance ?
Robin : Pas du tout ! À la base je cherché un groupe pour faire des reprises, j’ai donc posté une annonce sur le site zikinf.com, et j’ai reçu un mail de Brice qui cherchait un bassiste et m’a proposé de venir à une répétition. Sa première question a été « tu sais jouer « New Born » de Muse ? Si tu sais la jouer, pas de problème, on te prend ! ». Et comme je savais la jouer, ils m’ont pris ! Nous avons donc commencé à jouer un peu partout dès qu’on le pouvait, puis Simon nous a rejoint. Et c’est comme ça que nous nous sommes connus. Même si Simon connaissait Nico.
Nico : Oui, je jouais dans un autre groupe avec mes meilleurs amis, et nous avons rencontré Simon par le biais d’un concert. Il est venu nous voir en nous demandant s’il pouvait jouer avec nous en parallèle de Furiapolis. Entre temps, Richard, le batteur, à quitté le groupe pour des raisons familiales et Simon m’a proposé de venir faire un test.
Robin : Et ça a matché direct !
Nico : Oui, ce sont les joies du hasard ! Même si avec le temps nous sommes devenus de très bons amis, à la base nous ne nous connaissions pas.
Vous êtes tantôt Pop, tantôt plus Hard, limite Metal, comment vous définissez-vous ?
Nico : Nous explorons beaucoup de choses.
Robin : Pour moi le terme le plus approprié c’est Rock Alternatif.
Nico : Notre Style c’est du Furiapolis. Nous ne cherchons pas à avoir un équivalent, nous faisons la musique que nous aimons sans nous poser de question. Si nous avons envie dans un morceau d’avoir un truc un peu groovy et derrière avoir un pont bien Metal, on ne se prive pas. Ensuite, donner un style précis à Furiapolis, c’est compliqué. Rock Alternatif, c’est parce qu’il y a le mot « Alternatif » dedans et comme nous faisons du Rock ! Bien sûr, cela n’a pas grand-chose à voir avec le mouvement alternatif des années 80.
Toute la richesse que l’on trouve dans l’album, ça vient d’où ?
Robin : C’est justement ce qui est intéressant dans Furiapolis. Nous venons tous de milieux et différents. Nous avons tous grandi dans des univers musicaux différents. Pour ma part je suis plus Hold School, mon père était fan de Jimmy Hendrix, je baigne dans cet univers depuis tout petit. Il était batteur, j’ai donc commencé par cet instrument, puis je me suis mis à la guitare et tardivement à la basse. Mes premières inspirations étaient les groupes anciens comme Led Zeppelin, Deep Purple, et progressivement je me suis ouvert à des choses plus contemporaines. J’ai eu ma période Grunge avec Nirvana, une période un peu plus violente avec Slipknot et d’autres groupes du genre, comme beaucoup de jeunes de cette période. Et cela à encore évolué lorsque je me suis mis à la basse. J’ai été attiré par le funk, je me suis intéressé à des choses comme Jamiroquai, des choses plus groovy, Markus Miller et un peu de Jazz et de Jazz-Rock. Pour la basse, c’est très important. J’ai conservé mon groupe de reprise, ce qui me permet de travailler plein de choses différente, même du Zouk ! Ce qui se ressent sur le morceau « Walk Away ». Cela dit, au sein du groupe, il y a tout de même des groupes qui nous rassemblent, comme Foo Fighters, Blink 182, Biffy Cliro, Nickel Back, du bon gros Rock US quoi !
Depuis 2009, comment avez-vous évolué humainement et musicalement ?
Robin : L’un a évolué avec l’autre. Nous avons appris à nous connaître, puis nous sommes devenus amis et musicalement il y a eu un processus de maturation. Nous essayons de faire évoluer les choses. Nous écoutons de plus en plus de groupes, nous partageons nos influences et cela rejaillit sur notre musique.
Nico : La musique a vraiment évolué avec mon arrivée. Nous avons franchi un cap. Ensuite, humainement, nous sommes très soudés. Déjà nous n’avons pas explosé ! Maintenant, c’est parfois compliqué avec le boulot, la vie personnelle, cela fait beaucoup de contraintes, mais nous arrivons toujours à trouver un moment pour nous retrouver et faire ce que l’on aime faire. Même si de temps en temps il y a quelques engueulades !
Intervention de Lucas.
Vous vous adaptez par rapport au morceau que vous jouez ?
Nico : C’est surtout ce que tu as envie de jouer l’important, et c’est ce que chaque musicien qui arrive dans le groupe peut apporter à ta musique. C’est ça qui est important, c’est ce qui nous a permis d’évoluer dans ce sens. C’est la grosse différence entre le premier EP et « Déesse ». Je suis arrivé et j’y ai mis ma patte. On s’y retrouve parce que c’est Furiapolis, mais le style, toutes nos influences font évoluer en permanence notre musique.
Robin : Voilà pourquoi nous avons différents styles sur un même morceau. C’est parce que nous aimons bien jouer un peu de tout.
Robin, comment en es-tu venu à la basse ?
Robin : Comme je le disais, j’ai appris à l’âge de 10 ans à faire de la batterie. Suite à la séparation de mes parents, je me suis retrouvé sans batterie. J’ai donc opté pour la guitare qui fait moins de bruit en appartement ! J’ai joué pas mal d’années au sein de plusieurs groupes dans des années 90. Malheureusement, c’était des groupes tous plus foireux les uns que les autres, ce qui me faisait péter un câble, étant perfectionniste au niveau musical, je n’étais jamais content de mes collaborateurs, je n’arrêtais pas de les critiquer. En même temps je savais déjà ce que je voulais faire, je n’avais juste pas les bonnes personnes. Lorsque Brice m’a contacté, j’ai enfin pu respirer avec un groupe qui sait vraiment jouer et des musiciens qui connaissent leurs instruments. Et c’est là que j’ai décidé de me mettre à la basse. J’ai eu un meilleur feeling, c’est vraiment un instrument au carrefour de la rythmique et du mélodique. Et puis, cette sensation de puissance…
Et toi Nico ?
Nico : Et bien moi c’est tout le contraire, j’ai commencé par la basse ! Mes parents ne voulaient pas de la batterie à cause du bruit, et je ne me sentais pas prêt pour la guitare ¬—Il y avait trop de cordes (rires) !— par contre, esthétiquement, j’aimais beaucoup la basse, j’ai donc commencé par ça tout en voulant être batteur. Depuis tout petit, je voulais être batteur, je tapais sur les casseroles, je me servais de mes coupes de karaté pour faire les cymbales, je jouais avec des baguettes chinoises ! Mais j’ai donc commencé par la basse, puis un peu de guitare pour enfin, à l’âge de 15 ans, avec mon premier salaire —je travaillais déjà suite à une scolarité compliquée— me payer une batterie.
Vous avez pris des cours ?
Nico : Un peu, mais c’est surtout en regardant mon père faire et en l’écoutant, que j’ai le plus appris.
Robin : Moi j’ai pris un an de cours de basse et un an de cours de batterie, mais bien plus tard. J’ai acheté ma batterie et j’ai appris tout seul, puis, à un moment donné, je n’arrivais plus à progresser, il me manquait les bases. J’avais tout ce qu’il fallait pour être un bon batteur, mais il me manquait les bases chiantes qu’il faut absolument avoir et que je continu à travailler actuellement.
(Robin nous quitte pour faire une interview par téléphone)
Revenons au groupe, aux vues des influences de chacun, comment arrivez-vous à travailler ?
Nico : Nous avons testé plusieurs procédés qui ont plus ou moins fonctionné. En premier nous avons essayé la méthode basique qui consiste à arriver au studio, jouer comme des porcs et essayer d’en ressortir quelque chose ! Ce qui n’était pas le meilleur procédé (rires) ! Maintenant, c’est plutôt Brice qui pose les bases du morceau avec quatre accords, éventuellement la mélodie et du yaourt à la voix. Il me l’envoie, j’essaye de faire de mon mieux pour compléter le morceau, et à partir de là on soumet au groupe. Si cela plait à tout le monde, nous mettons en place le procédé de « fabrication ». On se retrouve au local pour travailler le morceau, nous enregistrons tout pistes par pistes, ce qui nous permet d’avoir une vraie pré-prod’.
Donc tout part de Brice ?
Nico : Ou de moi. Certains morceaux de l’album sont de ma propre initiative. Comme je suis guitariste et bassiste aussi, j’ai un besoin de composer. Parfois ça ne colle pas toujours avec Furiapolis comme je suis plus Metal, mais par exemple, « De la Coco » la base du morceau vient de moi. Je l’ai proposé à Brice, il a trouvé ça cool, nous l’avons travaillé et c’est devenu le morceau tel qu’il est sur le disque. Mais à la base, la tête pensante du groupe c’est Brice. En revanche, si un truc ne plait pas aux autres, nous laissons tomber. Parfois nous essayons de faire évoluer une chanson même si elle ne convainc pas un membre du groupe, et de temps en temps, nous avons de belles surprises.
Pour les textes, qui écrit ?
Nico : C’est Brice à 100%, nous lui laissons carte blanche. Il faut que le sujet lui parle pour qu’il ait envie d’en faire une chanson. Malgré nos différences, nous arrivons à nous retrouver dans ses textes. Nous aimons vraiment ce qu’il écrit et lui laissons donc carte blanche
Le premier EP était entièrement en Anglais, et « Déesse » mélange le Français et l’Anglais, pourquoi ce choix ?
Nico : Il y a plusieurs raisons à cela, notamment une demande de notre public qui ne comprenait pas les textes, ce qui est un peu symptomatique des Français avec les langues étrangères (rire) ! Il y a eu une double volonté, de se faire comprendre, et de redorer le blason du Rock Français. Nous avons un projet peut-être différent des autres, et nous aimerions vraiment redonner ses lettres de noblesse à ce Rock en Français qui a un peu disparu. Pourtant il y a un paquet de groupes valables qui chantent en Français.
Vous êtes adepte de la remise en question entre l’enregistrement et le live ?
Nico : Nous aimons bien ajouter de petites choses comme des intros, rallonger un passage. Nous sommes en recherche perpétuelle pour faire évoluer nos morceaux en live. Pour moi il y a peu d’intérêt à venir écouter un groupe en concert, et d’entendre exactement la même chose que sur l’album. Ce sont des petites choses auxquelles nous réfléchissons en résidence avant de partir en tournée. Nous profitions de ce moment pour travailler les morceaux et les faire évoluer. Mais tout est calculé pour une simple et bonne raison, nous jouons au click.
Lucas : les commentaires vous font changer des choses dans un morceaux ?
Nico : Pour l’instant nous n’avons pas trop de commentaires. Tu sais, la plupart du temps, les gens regardent ta vidéo, mettent un like, et ne prennent pas le temps de te laisser un commentaire. Mais si nous avons une remarque judicieuse, nous la prendrons en compte.
Justement, c’est important les réseaux sociaux pour vous ?
Nico : Oui, de plus en plus. Nous avons été mauvais au début sur la com’. Nous ne savions pas faire, cela s’apprend, mais ça prend du temps. Facebook peut être un outil formidable comme dévastateur. Si tu te loupe, les internautes ne vont pas te louper eux. Il faut se méfier et faire les choses intelligemment. Nous avons pris notre temps pour le faire, nous avons fait des erreurs, mais c’est important, nous essayons d’y faire attention, de publier et de mettre à jour le site régulièrement avec des infos qui nous paraissent pertinentes.
Vous avez un bon contact avec votre public ?
Nico : Oui, nous avons de plus en plus de bons retours. En général nous avons de bons échanges après les concerts. Nous n’hésitons pas à aller à la rencontre des gens pour avoir leur avis sur notre prestation, et la plupart du temps c’est plutôt positif. Donc un grand merci à tout ces gens qui nous suivent de plus en plus nombreux.
Je n’ai pas une image très Rock de Marseille, la scène est active ?
Nico : Oui, il y a une scène très variée, il y a de tout, du Rap, du Ska, du Rock, c’est assez animé. Il y a beaucoup de petits concerts dans des lieux sympas comme le « Molotov », il y a aussi une super salle aux Pennes-Mirabeau, le « Jas’Rod » qui organise beaucoup d’évènements, ils ont fait venir Mass Hysteria, Aqme… Mais tu sais Marseille c’est un peu comme partout en France, chaque ville à sa scène locale qui est diversifiée.
Il n’y a dons pas de pénurie de salle ?
Nico : Le problème n’est pas de trouver des lieux, il faut les payer pour les faire vivre. Or les gens sont prêts à payer 110 euros pour aller voir un gros groupe, mais ne payent pas 2 euros pour aller voir leurs potes jouer dans la rue. Et c’est ça le gros problème en France.
Le petit mot de la fin ?
Nico : Merci d’avoir pris le temps de nous écouter ! Vous pouvez nous retrouver sur facebook et sur les plateformes de music en ligne. Nous espérons que vous prendrez du plaisir à écouter cet album et surtout à venir nous voir en live.
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