« Des heures et des heures de Jam. »
Grosse claque de cette fin d’année 2019, les sudistes de Swarm distillent un Hardcore made in France teinté de groove, de trash et bien plus. Rencontre au Black Dog de Paris avec le guitariste Antoine.


Genre : Hardcore/Groove/Metal
Ville d’origine : Antibes
Nouvel Album : Anathema
Sortie : 30 septembre 2019
Label : Autoproduit
Membres :
Rémy Pauck: Lead Vocals;
Antoine Chapet: Lead Guitar;
Matt Bankowsk i: Rhythm Guitar, Lead Guitar, Vocals;
Mikael Gentili: Bass, Vocals;
Anthony Trillaud: Drums
Tracklist :
1 New Sun
2 Frontiers
3 Intifada
4 The Deed is Done
5 Spoutnik Explorer
6 Deaf Blind Silent
7 Life on Hold
8 Simple Automata (Return at home)
9 Legacy of Misery
10 Five
11 Pyroclastic Flow
Clip
Antoine : guitariste soliste.
Pour commencer, tu peux nous présenter le groupe ?
Antoine : Nous venons d’Antibes dans le 06. Nous nous sommes formés en 2014/2015. Nous avons sorti un premier album en 2017. Qui s’appelle « Division & Dysharmony ». Entre-temps nous avons eu un changement de Line up avec l’arrivée d’un nouveau guitariste. Nous avons trois clips et deux tournées pour ce premier album. Et là en 2019 nous sortons notre deuxième album « Anathema ». Nous avons sorti un premier clip sur le morceau « Frontiers » et une première tournée.
Votre musique est assez riche comment vous définissez-vous ?
Antoine : L’idée de base c’était de faire un groupe de Groove Metal. Hormis quelques groupes hyper connu comme Pantera ou Machine Head, c’est le néant. Et même si j’écoute énormément de choses, c’est clairement mon style préféré. L’idée donc été de partir de cette base de Groove Metal, et d’y ajouter des influences différentes. Chacun dans le Groupe à des influences variées.
Effectivement, sur le titre « Frontiers », on sent bien l’influence des chants à la Pantera, mais sur le titre « The Deed Is Done », on sent aussi des influences à la Mass Hysteria…
Oui, effectivement, tout le passage en français est très influencé par cette scène Hardcore française.
Il y a aussi une grosse base de Hardcore dans plusieurs titres Notamment dans le jeu de guitare. Cela fait partie de vos influences ?
Antoine : Alors pour la partie guitare, effectivement, je peux en parler plus précisément. De base j’aime beaucoup le Trash et le Groove, mais j’écoute aussi beaucoup de Hardcore, ce qui se ressent beaucoup dans notre musique, même au-delà des riff de guitare, dans l’ambiance générale, dans le champ, dans certaines parties de batterie, il y a beaucoup de Hardcore. C’est une réelle volonté d’avoir ce côté Hardcore, mais aussi dans certaines parties, avoir un côté plus progressif. Histoire d’ouvrir un peu la musique.
Parfois nous avons même l’impression d’entendre des groupes de Rap Metal comme on en trouver au début des années 90, type Body Count…
Antoine : Nous sommes clairement fan de toute cette période des années 90/2000, je pense que cela se ressent assez, et effectivement nous adorons Body Count mais aussi tout ce qui est New Metal. Toute cette culture de mélanger des sons différents allant du Rap au Hardcore nous plaît énormément.
Parfois vous me faites même penser à Clawfinger. Le côté Indus en moins…
Antoine : Je ne connais pas ce groupe, mais comme je suis très curieux j’irai écouter.
Qui composent dans le groupe ?
Antoine : Je compose environ 80 % de la musique et je programme un peu de batterie. J’arrive en répète avec le morceau composé à 75 % ensuite nous finissons les arrangements tous ensemble. On va changer certaines parties de batterie ou certains arrangements. Mais il y a aussi Mika qui apporte certains riffs, comme Rémi. Le morceau « Five » par exemple, a été co-composé avec Mathieu, mais il a aussi composé quelques autres riffs.
En gros tu amènes l’ossature du morceau et vous travaillez tout ça en répète ?
Antoine : C’est ça, chacun va poser sa pâte sur son instrument, et partant de ça, des idées jaillissent et le morceau évolue.
Et pour les paroles ?
Antoine : C’est Rémi qui écrit les paroles en français et nous les traduisons tous les deux en anglais. C’est un travail un peu compliqué car non seulement il écrit en français en pensant aux rimes, mais parfois il utilise des jeux de mots qui sont intraduisibles en anglais. Donc c’est un travail assez conséquent. D’où certains passages en français. Notamment la fin du morceau « Five » qui était impossible à traduire donc c’était une réelle volonté de le faire en français sous forme de poésie racontée.
Lorsque vous composer, est-ce que vous pensez au live ?
Antoine : Plus ou moins, nous savons dès le départ si un morceau est taillé pour le live ou non. Un morceau comme l’instrumental « New Sun » prendrai un quart de notre set-list sur un show de 45 minutes. Donc aucun intérêt. Nous avons donc des morceaux taillés pour le live et d’autres qui sont plus pour l’écoute. Nous partons du principe que ce qui marche en live doit être une partie de ton album mais si tu penses tout ton album en pensant au live, tu te restreins dans la créativité. Si c’est pour faire des morceaux moins bons en pensant uniquement au live il n’y a aucun intérêt.
Pour les textes, vous travaillez à deux sur la traduction, mais les idées vous les travaillez ensemble aussi ou c’est uniquement Rémi ?
Antoine : Pour cet album il avait une idée générale un peu conceptuelle, il avait écrit la plupart des textes avant qu’on ait commencé la composition. Mais ce n’est pas pour autant un concept album au sens propre du terme, c’est une idée un peu plus large. L’opposition dans tous les sens du terme est le fil conducteur de l’album. Chacun peut interpréter les paroles en fonction de son origine, de sa religion, ou de ses idées politiques. Par exemple, le clip de « Frontiers » illustre bien le concept de l’album. Nous avons fait un clip style rap à la Beastie Boys des années 90 alors que c’est un gros morceau de métal. Et le titre parle des frontières que l’on se met en jugeant les autres par rapport à la musique qu’ils écoutent. On se met tous des carcans, et nous, nous essayons de sortir de ça.
Dans l’ensemble, les textes de l’album sont tout de même assez noirs ?
Antoine : Nous essayons de nous placer en tant que spectateur du monde dans lequel il est actuellement, que ce soit politique, sociologique et écologique, c’est juste un constat. Donc c’est noir oui mais ce n’est qu’un constat du monde qui nous entour. Cela ne veut pas dire que nous sommes dans un défaitisme absolu.
Il y a de l’espoir ?
Antoine : Il y a clairement de l’espoir, cela peut se ressentir sur certains passages.
Tu m’as parlé d’un changement de line-up…
Antoine : Oui, pendant l’enregistrement du premier album, le chanteur est parti et Rémi est arrivé. Notre second guitariste a quitté le groupe en 2018, et Mathieu l’a remplacé.
Comment vous êtes-vous connu ? Vous étiez amis d’école ou autre ?
Antoine : Non pas vraiment, Mika, Pierre Louis (l’ancien guitariste) et moi avons commencé à jouer ensemble à l’âge de 16 ans. Nous avons débuté en faisant des reprises et petit à petit le noyau du groupe c’est formé.
C’est quoi votre moyenne d’âge ?
Antoine : Moi j’ai 27 ans, Rémi a 31 ans, nous avons tous autour des 30 ans sauf Mathieu qui lui n’a que 23 ans, c’est notre petit jeune à nous (rires) !
Vous venez tous du même milieu musical ?
Antoine : Plus ou moins, nous avons des cultures musicales assez diversifiées. Moi par exemple je suis un grand fan de New Metal, de trash, de Hardcore et de Prog. Mika est très fan de Metal Core, et notre batteur joue dans un groupe de punk. Par contre Rémi, même s’il aime bien des groupes comme Pantera, écoute plus des groupes comme Tool, Nine Inch Nails. Mathieu lui écoute des choses allant du Black Metal à la Transe en passant par Hard Rock plus classique.
Penses-tu que cette culture musicale différente puisse paradoxalement renforcer la cohésion du groupe ?
Antoine : Oui, comme il y a une certaine ouverture d’esprit de la part de tout le monde, cela renforce la cohésion dans le sens où tout le monde valide les titres. Cela évite de s’enfermer dans les carcans du Trash Hold School de 1986 et pas celui de 1990 (rires) ! Passer de « Raining Blood » the Slayer à the « The Pot» de Tool ne nous dérange absolument pas.
Parle-nous du nom du groupe Swarm c’est bien un essaim ?
Antoine : Oui c’est ça c’est aussi l’idée que l’on veut dégager, dans un essaim il faut une certaine unité, même si chacun travail de son côté. Ça renforce le côté cohésion du groupe. Et puis je ne voulais pas d’un nom à rallonge !
Les réseaux sociaux, c’est important ?
Antoine : C’est indispensable de nos jours. Ça met tout le monde au même niveau. Tout le monde a une page Facebook, après c’est à chacun de se démarquer sur les réseaux sociaux. Mais en 2020 il est impensable de vouloir être un groupe et de ne pas être présent sur les réseaux sociaux.
Et ça permet un contact différent avec le public ?
Antoine : Oui, entre les messages privés et les commentaires sur les vidéos ou les publications, cela nous permet d’échanger avec les fans. Mais aussi de les tenir au courant de notre actualité et des concerts. Maintenant les réseaux comme Facebook ne permettent pas d’avoir un débat profond sur le sens des paroles d’une chanson comme « Intifada ». Ce genre d’exercice est plus facile en rencontrant les gens.
Après les concerts vous rencontrer les fans ?
Antoine : Oui, on adore ça. On adore rencontrer des gens et découvrir de nouvelles personnalités. Maintenant les réseaux sociaux reste un bon moyen de faire découvrir notre musique à un public plus large.
Et vous prenez en compte les remarques des gens, ou vous partez du principe que de toute façon vous ne pouvez pas plaire à tout le monde et donc vous faites ce qui vous plaît ?
Antoine : Honnêtement, dans notre région nous ne sommes pas super apprécié. Soit nous sommes trop Hardcore pour les Trashers, soit nous sommes trop trash pour les Coreux, bref, il y a toujours un truc qui ne va pas. Par chez nous il y a beaucoup de fans de Deathcore ou de Gent, du coup ils ont toujours quelque chose à nous reprocher. Et c’est dommage parce que moi j’aime bien ces styles musicaux. Il y a toujours ces clivages entre les styles.
Deux albums en deux ans, vous travaillez vite ou vous travaillez bien ?
Antoine : En fait nous sommes toujours plus ou moins en train de composer. On accumule des idées de rif, des idées de texte. Ensuite il y a des périodes où nous sommes inspirés, d’autres où nous avons besoin de recharger nos batteries créatives, et encore d’autres où on va être au taquet sur la compo. En fait nous nous sommes vraiment concentré sur la compo du nouvel album il y a environ un an.
Une petite anecdote de studio ?
Antoine : Ce n’est pas vraiment une anecdote de studio, mais c’est en rapport avec Sébastien Camhi du studio ArtMusique qui a fait le son de nos albums. Je ne sais pas si tu te rappelles du groupe Tragédie au début des années 2000 c’était un groupe de Rap/R&B qui avait ce titre « Hey, Oh ». Les paroles disait « Est-ce que tu m’entends ?/Hey, Oh/Est-ce que tu me sens ?/Hey, Oh », enfin bref nous étions au téléphone et il n’arrêtait pas de me dire « Est-ce que tu m’entends » du coup je lui ai mis ce morceau dans la tête à chaque fois que je l’avais au téléphone, et cela depuis février 2019. Et maintenant dès qu’il m’appelle et me dit « Est-ce que tu m’entends ? », il repense à ce morceau. Et du coup il me déteste cordialement.
C’est une anecdote de scène ?
Antoine : Il y en a tellement !
La scène métal dans le sud ça bouge un peu ? Vous avez de bonnes relations ?
Antoine : Dans l’ensemble oui, nous avons joué avec A.c.o.D. à plusieurs reprises, et on connaît bien les mecs de Furiapolis, notamment le chanteur Simon. Même si eux ne sont pas vraiment métal. On se connaît tous plus ou moins, c’est un petit milieu, mais il y a un vrai petit réseau de fans et de salles. Il y a l’Altherax depuis quelques années à Nice et nous avons la School qui vient d’ouvrir à Antibes. Il y a quelques groupes qui commence à bien tourner je pense notamment à In Other Climes qui jouent un peu partout dans le monde, il y a aussi Heart Attack qui ont joué au Hellfest. On s’entraide entre nous dés que l’on peut.
Parle-nous du chant féminin sur le titre « Simple Automata (Return At Home) »…
Antoine : C’est la copine de Rémi qui était là par hasard à une répète. Rémi n’arrivait pas à trouver le bon truc qui collait bien au morceau pour l’intro. Il a donc proposé à sa copine d’essayer. Elle est chanteuse aussi mais de jazz. Elle a trouvé l’idée complètement ridicule mais a quand même essayé. Et au final ça a super bien fonctionné. Du coup on a gardé cette version.
Voilà une bonne anecdote de studio !
Antoine : C’est vrai ! Si on me repose la question je saurai quoi répondre.
Je te laisse le petit mot de la fin…
Antoine : Merci à toi pour cette interview. N’hésitez pas à nous retrouver sur toutes les plates-formes où on peut écouter de la musique, et à venir nous voir en concert.
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